Ne dites pas « bonne fête » aux femmes aujourd’hui

Article : Ne dites pas « bonne fête » aux femmes aujourd’hui
Crédit: Annie-Spratt-via-Iwaria

Ne dites pas « bonne fête » aux femmes aujourd’hui

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. Une journée internationale car les femmes ont des droits comme tous les êtres humains. Une journée de réflexion et non de recréation, une journée de multiples enjeux et non de réjouissances populaires comme nous l’observons bien souvent dans certaines régions du monde. Car oui, il faut le dire sans prendre de gants. Il n’y a rien à célébrer, il n’y a pas de raison de festoyer. Il faut marquer un pas et envoyer un signal fort. La commémoration de cette journée doit offrir l’occasion aux populations de faire le bilan afin de redéfinir les nouveaux objectifs à atteindre dans le but de parvenir dans un avenir proche à la pleine jouissance de leurs droits par les femmes et à un monde plus égalitaire.

J’insiste sur le fait que le 8 mars n’est pas une fête. Ce n’est ni la fête de la Saint-Valentin, ni la fête des mères, ni l’anniversaire d’une quelconque femme leader. Chaque jour, des femmes sont victimes de nombreuses violations de leurs droits les plus élémentaires. Il s’agit plutôt d’une journée pour pleurer, pleurer pour toutes ces victimes de féminicides, victimes de violences de tout genre, victimes d’abus et de discriminations graves, victimes juste par ce qu’elles sont femmes.

Aujourd’hui, nous sommes en colère pour toutes ces discriminations vécues au quotidien, pour tous ces manques de considération et pour toutes ces fois où la femme a été réduite à un être inférieur.

A l’heure actuelle, où le monde vit l’une des pandémies les plus improbables de l’histoire, il importe de souligner que les femmes n’ont jamais été autant en danger. Dans de nombreux pays où la situation sanitaire critique a obligé les dirigeants à décider de confinements, nombreuses ont été les femmes qui se sont retrouvées à vivre enfermées avec leurs bourreaux. Pléthorique est le nombre de femmes qui se sont retrouvées privées d’un emploi.

Alors oui, aujourd’hui, nous n’accepterons pas de cadeaux, surtout pas de fleurs ou de messages nous souhaitant bonne fête. Nous accepterons encore moins des discours creux et vaseux, ou des promesses surréalistes. Aujourd’hui, nous espérons moins de paroles, et plus d’actions. Nous demandons plus de respect et de considération. Nous voulons prendre la place qui est la nôtre dans l’histoire du monde.  

Le 08 mars n’a pas été décidé pour faire joli. Cette date a été retenue parce qu’il était temps que la condition des femmes soit traitée comme il se doit. Le 8 mars, c’est aujourd’hui, mais c’est aussi demain et tous les jours de l’année. Car à quoi servirait-il de respecter les droits des femmes en une seule journée et que dès le lendemain, les vieux démons ressurgissent.

Il urge en effet que la situation des femmes soit traitée sans hypocrisie afin d’atteindre très bientôt les objectifs de développement durable, car sans des femmes pleinement épanouies et jouissant de leurs droits, il n’y a pas de développement possible.

Cette année, la célébration de cette journée internationale est placée sous le thème « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Cette thématique permet de célébrer les efforts remarquables déployés par les femmes et les filles du monde entier dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19. En effet, selon ONU-femmes, les femmes sont en première ligne à travers le monde face à la Covid-19, en tant que professionnelles de santé, pourvoyeuses de soins, organisatrices communautaires, et pour certaines, en tant que dirigeantes nationales.

Le 8 mars, c’est l’occasion de célébrer toutes ces femmes battantes, qu’elles vivent dans des zones urbaines ou rurales, ces femmes qui apportent leur pierre à l’édification d’une meilleure communauté autour d’elles. Aujourd’hui, nous voulons citer l’exemple de ces femmes politiques engagées localement, nationalement ou internationalement pour porter haut les revendications des femmes. Nous rendons hommage à toutes ces femmes qui se sont sacrifiées au prix de leurs vies pour les droits de leurs consœurs ici et ailleurs. Aujourd’hui, nous célébrons nos mères, nos sœurs et nos filles qui gardent la foi d’un monde meilleur et égalitaire.

Enfin, s’il vous plait, aujourd’hui, ne dites pas « bonne fête » aux femmes autour de vous.

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Commentaires

Fanta KEITA
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Je suis d'avis avec toi sur le fait que cette journée soit surtout un rappel des droits des femmes, une occasion de revendiquer nos droits les plus absolus. Mais je pense aussi qu'il n'y a pas de mal à célébrer dans la gaîté car il y a eu du progres, des acquis... justice sera faites pour ces femmes victimes... les femmes ont aujourd'hui leurs mots à dire...
ce combat pour une égalité des chances est un pari du futur et nous allons le remporter.

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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Oui. Tu l'as bien dit. Nous ne sommes pas non plus en guerre. Alors oui on peut honorer cette journée dans la gaieté et la bonne humeur. Merci

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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Nous ne sommes pas en guerre mais il est temps d'oublier les réjouissances populaires pour se consacrer à l'essentiel. Merci d'être passé.

Passi Assinou
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Totalement d'accord avec toi ma chère, je suis contre tout le folklore qui entoure cette célébration au point où on en fait une fête des pagnes. Toutefois je suis d'accord pour qu'on fasse une pause pour faire le point et célébrer les acquis. Nous (en fait nos devancières) avons gagné des batailles mais la lutte continue!!!

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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La lutte continue et des actions fortes doivent être menées. Mais, pour toujours, il est temps que cette journée retrouve son sens premier. Merci d'être passée par ici chère ainée.

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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La lutte continue à coup sur. Merci pour le soutien.

Divin Gloire MOUZEMBO
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Une belle analyse qui suscite quelques questions de mon côté. Je me demande souvent ceci : la revendication des droits "humains" de la femme ne se fera-t-elle que sous le prisme du concept "égalité hommes-femmes" ? En quoi consiste la nature même de cette égalité et que vaut-elle dans des religions conservatrices comme l'Islam où le rôle de la femme est défini, limité et réduit aux tâches ménagères et à la maternité ? Cette revendication égalitaire mettra-t-elle fin aux supplices que subissent les femmes à travers le monde ? Même si je lis le post un mois après, qu'il me soit permis de rendre derechef un vibrant hommage à ces femmes que j'ai rencontrées, que je continue à rencontrer dans les marchés de Brazzaville à Lomé en passant par Dakar et Cotonou, portant des cuvettes de pains ou de sachets d'eau, des bouteilles de jus sur la tête avec des enfants au dos, sous le "chaud soleil" de nos capitales africaines. La plupart étant délaissées par des hommes fantômes, irresponsables ou absentéistes, se battent pour éduquer leurs enfants tout en survenant à leurs besoins. J'aimerais surtout magnifier et sublimer les femmes qui prennent en charge leurs enfants bien que vivant dans des foyers où leurs époux brillent par une nonchalance écœurante. Ces femmes sont selon moi les "héroïnes du quotidien" sans faire de tapage quelconque sur des revendications à caractère féministe. Toutefois, féministes, elles le sont aussi indéniablement puisqu'elles nous montrent chaque jour par leur engouement, leur bravoure et leur détermination, le potentiel incommensurable que toutes les femmes ont en commun: j'ai envie de dire leur résilience. A toutes les femmes, je pourrais formuler ce vœu : soyez fortes, encore plus fortes que le monde car notre éducation dépend entièrement de vous. C'est d'ailleurs ce que Pierre-Claude-Victor Boiste a compris quand il écrivait en 1843 ceci : " Sans la femme, l'aurore et le soir de la vie seraient sans secours et son midi sans plaisirs.''
Merci aux femmes d'exister ! Votre lutte, c'est avec nous que vous la ferez car vous n'êtes pas seules.

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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Toujours de longues et pertinentes réflexions de ta part. Nous continuerons le débat en l'actualisant au gré de l'actualité. Merci Divin pour le soutien.

Serge
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"Le 8 mars, c’est l’occasion de célébrer toutes ces femmes battantes, qu’elles vivent dans des zones urbaines ou rurales, ces femmes qui apportent leur pierre à l’édification d’une meilleure communauté autour d’elles."
J'ai adoré cette partie. Merci

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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C'est touchant de lire ce retour. Merci pour le soutien et le commentaire. J'en tiendrai compte.

Pascal Simfeya
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A la lumière de tes propos, je dis donc "Hommage à vous", femmes battantes !

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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Exactement, hommage est bien plus indiqué dans ces cas.

Delphine
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Je suis vraiment d'accord avec toi. Bonne réflexion

Audrey Tifoumnaka KOUBODENA
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Merci Delphine. Une fidèle supportrice depuis le début du blogging.